Autour de la dépression
Ce que l’on entend / les idées reçues :
La dépression, c’est juste être triste. Il faut se bouger pour arrêter la dépression, il suffit de le vouloir et quand on veut, on peut. La dépression, c’est pas une maladie, c’est juste dans la tête. La dépression n’arrive qu’aux sensibles, aux faibles. Cette personne ne fait pas de dépression, je l’ai vue sourire. On ne peut pas guérir une dépression. Il suffit de se bouger le cul et tout ira mieux.
Dans les faits :
La dépression est une maladie qui occasionne des douleurs morales, perte d’espoir, perte de motivation…, mais qui peut se soigner. Cela implique une thérapie (TCC, Restructuration Cognitive, Activation Comportementale, présentent de bons résultats), un éventuel traitement médicamenteux, ainsi que la construction d’une bonne hygiène de vie. Cela prend du temps mais les solutions efficaces existent. Elle est une maladie à prendre au sérieux car elle implique des risques de suicide.
Qui, Pourquoi ?
En réalité, les causes d’une dépression peuvent être multiples. Biologiques, contextuelles, sociales… sans même qu’il n’y ait nécessairement d’élément déclencheur.
Aucun rapport avec le fait d’être une personne dite « faible » ou non, « d’avoir du caractère » ou non ; cette maladie peut toucher tout le monde, quelle que soit la réussite ou le parcours de vie de la personne.
La dépression ne doit pas être confondue avec la tristesse. Suite à un deuil, une perte ; la tristesse ressentie est une émotion normale. La dépression, elle, est durable. Elle s’accompagne de la perte d’intérêt et de plaisir, de fatigue extrême (physique et psychique), d’un ralentissement moteur général ainsi que d’une perturbation durable de l’humeur.
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« Une personne dépressive, il faut la secouer ! »
Lorsqu’une personne souffre d’une dépression, elle a bien souvent une « double peine » à porter sur ses épaules. Celle de la maladie difficile et éprouvante à vivre au quotidien, ainsi que le regard et l’incompréhension des proches à subir.
Car contrairement aux idées reçues, le simple fait de vouloir guérir ne suffit pas. Chaque personne qui souffre de dépression ou en a souffert veut s’en sortir. Mais comment faire lorsque l’énergie et l’envie ne sont plus là, lorsque la souffrance accompagne chaque pensée ? « Quand on veut, on peut » est une bien belle phrase mais dans la réalité, elle est surtout une chimère qui emprisonne les personnes en souffrance dans l’incompréhension de la part de leurs proches. Malheureusement non, vouloir aller mieux est loin d’être la solution pour qu’une dépression ne cesse.
« Tu es déprimé ? Ben arrête ! Bouge-toi ! ». La dépression n’est pas un choix. (Honnêtement, qui ferait ce choix ?). Ce préjugé présente un risque et non des moindres : aggraver la détresse de la personne souffrant de dépression, tout en accentuant sa culpabilité. En d’autres termes, ces « conseils » contre-productifs, non seulement ne soulagent pas la personne en souffrance mais surtout, l’enfoncent davantage en aggravant la maladie.
⚠️ « Bouge-toi ! » = ÇA NE MARCHE PAS !!!
« Faire du sport supprime la dépression. »
Une activité physique est indéniablement une bonne idée lorsqu’on souffre d’un trouble psychique. Encore faut-il que la personne en ait les ressources, ce qui n’est pas le cas dans le cadre d’une dépression sévère.
« Être déprimé, ça se voit ! »
Eh bien, pas forcément. Des personnes vivant avec cette maladie peuvent réussir à afficher un large sourire en public tout en ressentant une profonde détresse au fond d’elle-même.
« Les gens ne font pas semblant d’être déprimés, ils font semblant d’aller bien. » Sandrine FILLASSIER
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Comment aider un proche souffrant de dépression ?
- Se montrer présent, disponible, et respecter les besoins de la personne sans se montrer intrusif et sans la brusquer. Un simple « je suis là pour toi, tu n’es pas seul/seule », fait déjà beaucoup.
- Se montrer à l’écoute. Pour ça, quelques règles de base ne pas ramener la situation à soi en évoquant ses expériences personnelles, prendre le temps, poser des questions ouvertes, faire preuve d’empathie (« cela doit être difficile, je comprends »), ne pas juger, ne pas brusquer.
(Attention cependant à ne pas se laisser emporter dans une spirale de négativité. Être à l’écoute et respecter ne veut pas dire adhérer. On peut comprendre l’autre sans jamais perdre du vue l’objectif qui est de casser cette spirale de « descente aux enfers ».)
- Demander ce dont la personne a besoin. Demandez ce que vous pourriez faire pour elle, soyez également force de proposition en soumettant quelques idées. (Sans faire de forcing si la personne décline. Y aller pas à pas, à son rythme, est très important).
- Apportez votre affection, votre soutien. Vous n’êtes pas son psy. Votre rôle en tant que proche aimant est primordial.
- On oublie les injonctions du type « bouge-toi », « arrête d’aller mal », « sors »… Ces phrases énoncées sous formes d’ordre sont culpabilisantes, aggravent la dépression et conduisent à un repli sur soi. Tout ce qu’on ne veut pas !
- On ne minimise pas. Les phrases de type, « il y a pire que toi, plus malheureux », « regarde, tu as tout pour être heureux »… là aussi, tout cela enferme la personne dans la culpabilité et l’effet est alors inverse : la dépression s’aggrave.
- Être patient. Devoir aller au rythme de la personne en souffrance peut s’avérer être particulièrement éprouvant et engendrer un fort sentiment d’impuissance (qui n’est qu’une impression. Apporter son soutien et son affection n’est jamais vain).
- Soumettre un accompagnement « psy » (évoquer l’idée. Ne pas imposer). Avec un psychiatre (en vue d’une prescription médicamenteuse) et/ou avec un psychologue (en vue d’une thérapie). « Les différents psy ».
Nb : Dans le cas d’une dépression lourde, elle doit impérativement s’accompagner d’un traitement médicamenteux personnalisé. Des médicaments prescrits par un psychiatre qui adaptera le traitement tout au long de la dépression, selon la personne et son évolution.