Autour de l'autisme (TSA)

Ce que l’on entend / les idées reçues :

L’autisme est la faute des parents et d’une mauvaise éducation. L’autisme est le résultat d’une surexposition aux écrans. Les mères qui donnent trop d’attention / pas assez d’attention, provoquent l’autisme chez leur enfant. Certains vaccins rendent les enfants autistes. L’autisme a une origine psychanalytique.

 

Dans les faits :

L’autisme est un trouble du neurodéveloppement (TND). Ce n’est ni la faute des parents, ni celle des écrans, et encore moins la conséquence d’un quelconque vaccin.

Il existe diverses formes de TSA (Troubles du Spectre de l’Autisme), avec ou sans déficience intellectuelle. L’autisme désigne donc un ensemble très large, très hétérogène, de pathologies plus ou moins sévères.

Un TSA se caractérise notamment par une altération de la communication (verbale, non verbale), une altération des interactions sociales, ainsi que des comportements répétitifs et stéréotypés. (On pourra également relever d’autres caractéristiques comme une forte résistance face aux changements par exemple).

Les adultes sans déficit intellectuel ayant un TSA sont une population très complexe à diagnostiquer. Le fait de compenser et de s’adapter à leur environnement au fil des années rend le diagnostic plus difficile à poser. Il sera alors impératif de recueillir les informations concernant la petite enfance du patient, son histoire de vie (grâce aux témoignages des parents notamment).

Les filles dans leur ensemble, enfant ou adultes, sont plus difficiles à diagnostiquer lorsqu’il n’y a pas de déficience intellectuelle. Elles parviennent plus facilement à camoufler leurs difficultés. De plus, leur autisme est souvent confondu avec une timidité et des difficultés sociales, ce qui engendre souvent un diagnostic plus tardif.

À noter que plus la détection d’un TSA est précoce, plus elle permet d’optimiser sa prise en charge et de proposer un accompagnement au patient.

 

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Le diagnostic du TSA :

Chez l’enfant, on pourra leur faire passer une échelle d’évaluation du QI comme la WISC-5, ainsi qu’une évaluation de leur profil psycho éducatif avec le PEP-R ou encore le test de l’ECA-R pour appréhender le degré de troubles du développement.

Chez l’adolescent ou l’adulte, on pourra également leur faire passer une échelle d’évaluation du QI avec la WAIS-4, tout en appréhendant le profil développemental du patient avec l’EFI, ou encore déterminer ses capacités d’adaptation et d’autonomie grâce à la VABS (échelle de Vineland).

Dans tous les cas, un questionnaire de dépistage peut être proposé en amont d’un diagnostic pour déterminer le Quotient Autistique (AQ) d’une personne. Un auto-test à retrouver ici sur ce site.

⚠️ Nb : En aucun cas, cet auto-test ne peut se substituer à une évaluation complète. Il ne peut pas faire office de diagnostic. C’est un premier pas permettant de déterminer si oui ou non, la présence d’un Trouble du Spectre Autistique est à envisager. En cas de doutes, les tests psychométriques sont à réaliser dans un CRA – Centre de Ressources Autisme -, à l’hôpital ou auprès de professionnels qualifiés comme un neuropsychologue ayant une expérience de ce tableau clinique.

Un diagnostic complet peut prendre plusieurs mois afin de proposer des interventions d’aide et de prise en charge.

 

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Pourquoi une hausse des diagnostics de TSA ?

Ces dernières années, nous observons une hausse des diagnostics de TSA. Différents facteurs peuvent expliquer ce bouleversement :

  • Les critères de diagnostic ont été modifiés et élargis. Si dans les années 80, l’autisme était considéré comme une maladie rare relevant de la psychiatrie, les progrès en termes de santé mentale et d’imageries l’ont fait évoluer dans le champ des troubles envahissants du développement (TED), pour être aujourd’hui considéré comme « trouble du spectre de l’autisme » (TSA). Il comprend aussi bien des personnes sans langage avec de sévères troubles de communication, comme des personnes sans difficultés cognitives et langagières mais pouvant présenter des troubles au niveau des interactions sociales et/ou des intérêts restreints, entre autres. Désormais, l’autisme n’est plus considéré comme un trouble relationnel mais comme un trouble lié à un dysfonctionnement cérébral.
  • Une amélioration de la formation des professionnels de santé. Donc un meilleur repérage des personnes autistes aboutissant à plus de diagnostics et de meilleurs soins proposés.
  • Des causes environnementales. Une récente étude (Ojha & Amal – 2024) a démontré que les polluants atmosphériques affectent le développement du cerveau chez les individus génétiquement sensibles. (En particulier pendant la grosses et la petite enfance). Un facteur de risque de plus en plus préoccupant pour les troubles du développement neurologique.

 

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Pourquoi l’appellation « Asperger » fait-elle tant débat ?

Une « étiquette » qui tend aujourd’hui à disparaître depuis la révélation d’informations concernant le docteur Asperger, pédopsychiatre Autrichien.

Si pendant des années, Asperger a été décrit comme un héros, résistant de la seconde guerre mondiale épargnant les enfants d’une mort certaine, c’est Edith Scheffer, professeur d’histoire spécialisée dans le IIIème Reich, qui a découvert un tout autre portrait du célèbre docteur.

Elle révèle qu’Asperger n’était non pas un résistant, mais un complice du régime nazi ayant exterminé nombre d’enfants, tout en souhaitant poursuivre avec ceux ayant les plus grandes capacités cognitives pour pouvoir les étudier. Il publia alors une thèse sur les enfants autistes ayant des « facultés spéciales ». (C’est après avoir retrouvé cette thèse dans les années 70, qu’une psychiatre Britannique a décidé de donner le nom d’Asperger à cette forme d’autisme).

Si aujourd’hui, le nom Asperger a disparu des manuels (notamment du DSM-5), son idéologie, elle, est plus présente que jamais. Le Docteur Asperger était en effet un grand partisan du diagnostic et du dépistage intellectuel de tous les enfants, les regroupant ainsi selon leurs capacités cognitives.

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Nb : Désormais, aucune distinction n’est faite entre les différentes formes d’autisme, même si l’appellation « Autisme de Haut Niveau » – AHN – peut parfois être évoquée en « remplacement » de la dénomination Asperger. L’AHN ne faisant d’ailleurs pas nécessairement référence à un QI supérieur à la moyenne mais surtout à une absence de déficience intellectuelle.

La psychologie n’étant jamais figée, toutes ces appellations, distinctions ou non, sont constamment débattues. Il ne serait donc pas surprenant que les choses continuent d’évoluer.

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Pour aller plus loin :

  • « Les enfants d’Asperger – Le dossier noir des origines de l’autisme », Edith SHEFFER